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TEXTES ET ÉCRITS

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PRISONS INTELLECTUELLES

Achille Adonon

Open studios

06.03.2024 18-21h

studio 8209 cité internationale des arts

18, rue de l’hôtel de ville, 75004 paris

A l’entrée, on hésite.

Doit-on se déchausser devant la porte ? Marcher sur les œuvres ?

Achille Adonon nous y invite, alors…

On entre.

On avance d’abord les yeux rivés au sol, accrochés à l’équilibre.

On revient plus tard sur nos pas scruter les minuties des livres cousus et des peintures délicates.

On se penche, s’agenouille, se contorsionne.

Entre les plis et le fouillis des écrits, les détails s’offrent généreusement à la patience.

On pénètre dans la pièce.

Notre œil s’accoutume vite aux couleurs chaudes.

La détermination qui en émane nous envahit puis nous apaise.

Dans le rouge royal de la vie, dans le bleu liquide de l’eau, les œuvres s’organisent selon un fil conducteur tissé entre elles.

Sur les pages d’un carnet exp(l)osé au mur, le fil noir des broderies accidentées répond aux saccades de l’écriture charnelle qui prolifère dans les dessins, jusque sur la table, chuchotée à la craie.

D’une puissante capacité métaphorique, les histoires qu’Achille Adonon met en scène le traversent la nuit quand il travaille.

Il accorde une attention sensible aux mouvements des ombres et porte leur voix à notre connaissance.

Ces voix, ce sont nos histoires – la sienne aussi, débutée un jour de grande maladie.

Elles racontent nos limites, ces cadres que l’on s’érige en obstacle.

Elles disent nos faiblesses, nous enseignent l’exigence et l’acceptation.

Elles nous parlent des frontières qui nous habitent, celles matérielles ou mémorielles, celles physiques ou psychiques, celles réelles ou supposées. Nous, témoins muets et consentants de nos propres esclavages.

Nous, reflets tremblants de ces bouteilles, natures mortes vivantes de nos âmes contorsionnées comme un halo fragile sous le poids de nos propres contradictions.

Nous, comètes scintillantes dans la course effrénée du temps.

Par Zoé Monti

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